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HISTOIRE

enseignement. Il proposa l’établissement d’un Athénée libre, où un grand nombre de chaires devaient être mises à la disposition de quiconque se sentirait la vocation et la capacité d’enseigner, sans autre contrôle que celui de l’opinion. C’était donner tout à la fois aux jeunes talents l’occasion de se produire et aux futurs ministres de l’instruction publique le moyen de choisir, pour les chaires de l’enseignement officiel, les hommes les plus dignes de les occuper. Il institua une série de chaires nouvelles, ayant pour objet de répandre l’enseignement administratif et politique, s’occupa de fonder des bibliothèques communales, demandées de toutes parts dans le but de mettre des livres utiles à la portée des populations rurales. et institua des lectures publiques du soir pour les ouvriers. Il indiqua des tendances favorables à l’éducation des femmes, en autorisant l’ouverture d’un cours au Collége de France qui leur serait plus spécialement destiné[1]. Il annonça l’intention de relever la condition matérielle et morale de l’instituteur primaire, proclama la nécessité de joindre aux écoles primaires l’enseignement agricole et celui des devoirs civiques. Il insista, dans ses circulaires, sur la nécessité d’éclairer les populations des campagnes et invita les instituteurs communaux à composer des manuels élémentaires de droit politique. Nous verrons plus tard comment la rédaction malhabile de quelques-uns de ces manuels et celle d’une circulaire que le ministre signa sans l’avoir lue alarmèrent l’opinion publique et donnèrent, avec l’impôt des 45 centimes et le langage dictatorial du ministère de l’intérieur, des prises trop faciles dont les partis vaincus profitèrent pour reprendre l’avantage dans les élections générales.

  1. « Considérant, dit le décret du 2 mars, qu’il est convenable d’éclairer l’opinion publique par des études et des discussions sérieuses sur une matière aussi importante et aussi agitée, etc. »

    « Il est impossible de ne pas prévoir, a écrit plus tard M. Carnot (Mémorial de 1848), que le plus prochain mouvement social aura pour résultat de modifier la position des femmes et de les relever de l’état de minorité où elles sont maintenues »