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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

vision de l’administration. M. Bethmont, dont l’esprit n’était pas, d’ailleurs, doué d’initiative, se borna à provoquer, par la formation de commissions spéciales, un ensemble d’observations et de documents sur la situation de l’agriculture, l’examen de différentes théories sur le crédit agricole et l’étude des questions particulières les plus importantes. Il envoya en mission des hommes spéciaux chargés de lui adresser des rapports sur la culture des terres vaines et vagues, sur l’élève du bétail, sur l’amélioration de la race chevaline, sur la culture du ver à soie, sur le régime des eaux ; il fit composer sous ses yeux un plan général d’instruction primaire et d’enseignement professionnel, fondé sur le principe de l’application des sciences à l’industrie. Du 24 février au 4 mai, il créa neuf fermes-écoles, indiquant ainsi à ses successeurs les voies qu’il convenait d’ouvrir pour tirer le pays de l’ignorance et de la routine où on l’avait laissé depuis tant d’années, au grand détriment de la richesse publique, et pour améliorer l’état moral et matériel des populations rurales qui allaient peser, par le suffrage universel, d’un poids considérable dans les destinées de la France.

Le ministre de l’instruction publique et des cultes, M. Hippolyte Carnot, parut d’abord, avec M. Ledru-Rollin, le plus enclin de tous les ministres à s’abandonner au courant révolutionnaire. Son nom et ses antécédents donnaient à croire que les innovations ne lui feraient pas peur. Fils d’un homme que sa carrière scientifique avait porté au rang des Lagrange et des Laplace et que sa carrière politique conduisit en 1793 au comité de salut public, en compagnie de Saint-Just et de Robespierre, M. Carnot, saint-simonien ardent de la première période, par son nom seul était pour le clergé et pour l’Université une véritable menace. Le choix qu’il fit de M. Jean Reynaud pour remplir les fonctions de sous-secrétaire d’État, la nomination de M. Édouard Charton comme secrétaire-général du ministère n’étaient point de nature à rassurer. L’un et l’autre, ils avaient appar-