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CHAPITRE XXI

Ministère de la justice. — M. Crémieux. — Ministère de l’instruction publique. — M. Carnot. — Ministère des travaux publics. — M. Marie. — Ateliers nationaux. — Préfecture de police. — M. Caussidière. — Mairie de Paris. — M. Marrast.


Le gouvernement provisoire, absorbé par ses discordes intestines, par ses embarras financiers, par la crainte des insurrections populaires et par le souci des élections générales, ne donna qu’une attention médiocre à l’organisation de la justice.

Voyant les adhésions des magistrats arriver en foule, il ne se préoccupa point de l’esprit, bon ou mauvais, qui animait la magistrature. Cet esprit, cependant, lui était singulièrement hostile. La magistrature avait subi d’une manière toute particulière l’influence du règne de Louis-Philippe. Les destitutions qui suivirent la révolution de 1830, de nombreuses nominations, dictées par une politique de plus en plus étroite et, en dernier lieu, sous le ministère de M. Martin (du Nord), accordées au parti clérical, avaient porté de graves atteintes à son indépendance. L’esprit d’équité et de libéralisme qu’elle opposait aux tentatives de la Restauration pour étouffer la presse libre s’était insensiblement émoussé en elle. Quand arriva la révolution de Février, elle se sentait solidaire des fautes de la dynastie à ce point qu’elle estima ne pouvoir trop se racheter aux