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CHAPITRE XX

Ministère des finances. — M. Goudchaux. — H. Garnier-Pagès.


À toutes les difficultés soulevées brusquement par la révolution de Février venait encore s’ajouter l’embarras des finances. Soit que le gouvernement provisoire voulût arrêter ou précipiter la révolution politique, soit qu’il voulût refouler ou favoriser la réforme sociale, faire ou non la guerre, organiser de grands travaux publics ou mettre sur pied une armée, il avait besoin d’argent et de crédit ; or l’état économique de la société lui ouvrait à cet égard les perspectives les moins rassurantes.

Sous le règne de Louis-Philippe, l’activité de l’industrie, surexcitée par l’immense entreprise des chemins de fer, la passion de l’agiotage et le goût effréné du luxe qui s’étaient répandus partout, avaient poussé les classes riches à des extrémités touchant à la ruine. Les établissements de crédit s’étaient engagés dans des opérations démesurées. Des affaires à longue échéance et pleines de risques étaient entreprises avec une légèreté incroyable. Les marchandises s’accumulaient dans les entrepôts et dans les magasins des producteurs ; les actions encombraient la place. La multiplication désordonnée des billets dans les transactions commerciales, l’exportation de numéraire nécessitée par l’achat des blés étrangers en 1846, avaient amené une crise métallique qui aggravait encore la crise financière. Le petit