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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

tous les autres, au plus fort de la crise révolutionnaire, rétabli les droits de l’humanité et, quand tout menaçait sa propre existence, d’avoir relevé ces existences lointaines et obscures qu’une royauté prospère avait laissées dans l’oubli. Le Conseil de l’Amirauté reçut aussi, par l’initiative de M. Arago, des modifications importantes. Des officiers de tout grade, jusqu’à celui de lieutenant de vaisseau inclusivement, furent appelés à en faire partie. Ce Conseil, devenu ainsi plus apte à représenter tous les intérêts de l’armée navale, on le chargea de former un état d’avancement des officiers par ordre de mérite avec un tableau particulier de ceux que l’on jugeait capables d’être appelés au commandement des bâtiments de l’État, le gouvernement républicain ne devant plus rien accorder au privilège.

Non content de ces réformes partielles, M. Arago voulut encore attacher son nom à un grand acte historique de justice et d’humanité. Il appuya avec force dans le conseil du gouvernement provisoire les instances de M. Ledru-Rollin et obtint la création d’une commission chargée de préparer, dans le plus bref délai, l’acte d’émancipation des noirs et les mesures nécessaires pour en assurer le succès. La présidence de cette commission fut donnée à M. Victor Schœlcher, l’un des rédacteurs de la Réforme, démocrate convaincu, dévoué, qui, depuis bien des années déjà, poursuivait avec ardeur, en y consacrant son temps, sa fortune, ses études et ses travaux, l’extension à la race nègre des principes de liberté et d’égalité proclamés, à la face du genre humain, par la Révolution française. M. Schœlcher avait eu la plus grande part à la détermination de M. Arago qui désirait l’émancipation immédiate des noirs, mais sans la croire possible. Nommé sous-secrétaire d’État au département de la marine et des colonies, il s’adjoignit M. Mestro, directeur des colonies, M. Perrinon, officier de marine, M. Gatine, avocat aux conseils, M. Gaumont, ouvrier horloger, MM. Henri Wallon et L. Percin, auxquels il présenta le 6 mars, jour de la première séance de la commis-