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HISTOIRE

commerce, la chambre des notaires, celle des avoués, l’ordre des avocats, les agents de change apportaient à l’envi à l’Hôtel de Ville l’assurance de leur dévouement sans réserve à la République et leur adhésion complète à l’entreprise généreuse, à l’œuvre admirable du gouvernement[1].

Par la bouche de M. de Cormenin, le conseil d’État exprimait « son dévouement à cette grande et sublime révolution qui palpitait déjà dans le cœur du peuple avant d’être arrosée de son généreux sang et d’être portée dans ses bras héroïques jusqu’au pavois de la souveraineté. »

On a vu que, dès le 28, l’armée, par l’organe des chefs les plus attachés à la dynastie, les maréchaux Soult, Bugeaud[2], Sébastiani, Gérard, les généraux Oudinot, Baraguay-d’Hilliers, de Fézensac, Lahitte, se mettaient au service de la République. Le général Changarnier demandait en termes pressants, dans sa lettre officielle au gouvernement provisoire, que l’on voulût bien utiliser son habitude de vaincre[3].

L’Université, par la voix de M. Gérusez, exaltait, « cette révolution accomplie au profit du genre humain et qui avait eu pour instrument le peuple armé de la force invincible de Dieu. » Elle saluait le nom désormais impérissable de République[4].

Les journaux orléanistes, ou légitimistes exprimaient à

  1. Voir, au Moniteur du 2 mars et des jours suivants, les discours de MM. Séguier, Dupin, Portalis, Baroche, etc.
  2. « Je n’ai pas besoin de vous dire que je ne désirais pas la République, écrivait le maréchal Bugeaud dans une lettre intime, datée du 16 mars, mais, enfin, nous l’avons. Elle s’annonce infiniment plus honnête que son aînée ; les hommes qui sont au pouvoir ont fait et font encore des efforts inouïs pour protéger la société contre les anarchistes. Il faut donc les aider sincèrement et activement dans cette œuvre sainte. Si la République tient ce qu’elle promet en ce moment, je l’aimerai bientôt ; en attendant, je la défendrai s’il le faut, à l’extérieur, tant qu’elle sera dans les voies de la liberté et de la fraternité vraies. »
  3. Voir aux Documents historiques, à la fin du volume, n° 11.
  4. Moniteur du 4 mars 1848.