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HISTOIRE

porte de ne pas laisser de possibilité à d’aussi terribles et d’aussi criminels attentats.

« Pour satisfaire au vœu général du peuple souverain, le gouvernement provisoire a décidé et effectué, avec l’aide de la garde nationale, la mise en liberté de tous nos frères détenus politiques ; mais, en même temps, il a conservé dans les prisons, toujours avec l’assistance honorable de la garde nationale, les détenus constitués en prison pour crimes ou délits contre les personnes et les propriétés.

« Les familles des citoyens morts ou blessés pour la défense des droits du peuple souverain sont invitées à faire parvenir aussitôt que possible, aux délégués au département de la police, les noms des victimes de leur dévouement à la chose publique, afin qu’il soit pourvu aux besoins les plus pressants.

« Les délégués au département de la police,
« Caussidière, Sobrier. »

Cette proclamation, qui contenait une liste inexacte des membres du gouvernement provisoire et qui constituait, sans que celui-ci en eût eu connaissance, une autorité indépendante, ne fut point insérée au Moniteur, malgré les vives réclamations de M. Caussidière[1]. À partir de ce moment, une lutte secrète s’engagea entre l’administration révolutionnaire de MM. Caussidière et Sobrier, bientôt divisés entre eux cependant par la jalousie du pouvoir et de la popularité, et le gouvernement officiel de l’Hôtel de Ville. Ce refus d’insertion au Moniteur fut le premier indice de l’antagonisme qui devait si violemment éclater, à quelque temps de là, entre les éléments divers de la révolution ; ce fut le prélude de la guerre civile.

  1. Le 25, dans la matinée, M. Caussidière fit chercher par une vingtaine d’hommes armés le commissaire du gouvernement auprès du Moniteur, M. Lemansois, pour lui intimer l’ordre de faire insérer sa proclamation mais celui-ci s’y refusa : la défense du gouvernement était formelle.