Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 1.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
HISTOIRE

gagée sur la nécessité de nommer un gouvernement provisoire. M. Barrot combattit avec force cette proposition, et, bien que M. Arago lui offrît de faire ajouter son nom sur la liste adoptée dans les bureaux du National, il déclara qu’il ne consentirait à rien de semblable. « Tous les pouvoirs sont concentrés dans mes mains, répétait toujours M. Barrot je ne saurais admettre aucune autre combinaison ni servir aucune autre cause que celle de la régence. » Ce fut après s’être ainsi prononcé qu’il entra dans la salle des délibérations. M. Marie occupait encore la tribune. Au nom de la loi qui déférait la régence au duc de Nemours, il protestait contre toute décision précipitée, et demandait la nomination d’un gouvernement provisoire. « Quand ce gouvernement aura été constitué, disait M. Marie, il avisera ; il pourra aviser concurremment avec les Chambres, et il aura autorité dans le pays. Ce parti pris à l’instant même, le faire connaître dans Paris, c’est le seul moyen d’y rétablir la tranquillité. Il ne faut pas, en un pareil moment, perdre son temps en vains discours. Je demande que sur-le-champ un gouvernement provisoire soit organisé. »

La proposition d’un gouvernement provisoire est accueillie par des bravos partis de la tribune des journalistes. M. Crémieux s’empresse alors de l’appuyer. « En 1830, dit-il, nous nous sommes trop hâtés, et nous voici forcés de recommencer en 1848. Nous ne voulons pas, messieurs, nous hâter en 1848 ; nous voulons procéder régulièrement, légalement, fortement. Nommons un gouvernement provisoire qu’il soit juste, ferme, vigoureux, ami du pays, auquel il puisse parler pour lui faire comprendre que, s’il a des droits que tous nous saurons lui donner, il a aussi des devoirs qu’il doit savoir remplir. Je demande l’institution d’un gouvernement provisoire composé de cinq membres. »

Au milieu de l’agitation qui suit cette proposition, M. de Genoude élève la voix pour demander l’appel au peuple,