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INTRODUCTION.

l’association, de la solidarité des individus, des classes et des peuples. Comprises vingt ans plus tard sous le nom collectif de socialisme, elles appelaient toutes l’intervention de l’état dans les relations commerciales et industrielles ; elles posaient avec une effrayante audace le problème que la philosophie du dix-huitième siècle, en ruinant dans les consciences les assises morales du monde chrétien, avait légué sans le savoir, et peut-être sans le vouloir, à la science et à la politique modernes.

Ce problème, qui n’était autre au fond que celui de l’organisation démocratique, il fallait bien du temps pour l’étudier, l’élaborer, le dégager de ses obscurités, pour le faire passer des vagues théories aux solutions pratiques.

C’était la tâche et c’eût été la gloire du roi Louis-Philippe de favoriser ce travail pendant son long règne. Tout semblait le convier à une œuvre si sage. L’indépendance de son esprit, l’humanité de ses sentiments, son éducation, son expérience, la connaissance personnelle qu’il avait acquise, dans les épreuves d’une fortune variable, des relations de classe à classe et de peuple à peuple, l’occasion et les moyens de son élévation au trône, ses rapports difficiles avec les souverains étrangers, bien des voix éloquentes et plus d’une menace, tout en lui et autour de lui appelait son attention sur ce grand malentendu entre la liberté et l’égalité, sur ces dissentiments entre les premiers et les derniers-nés de la révolution qui rendaient précaire son pouvoir et douteux l’établissement de sa dynastie. Fils d’un