cution chaleureuse, puis il trace sur les moulures du trône ces simples paroles :
Liberté, Égalité, Fraternité.
Un cri enthousiaste de Vive la République ! le premier qu’on ait poussé depuis le matin, tant on a été fidèle à la consigne donnée par les chefs politiques, salue cette proclamation solennelle et familière tout ensemble de la victoire du peuple. Les insurgés courent aux fenêtres et font retentir au dehors leurs acclamations. À cet appel, les gardes nationaux de service arrivent ; l’un d’eux, lieutenant de la cinquième légion, monte les degrés du trône et commence, à la surprise générale, une harangue en faveur du prince Louis Bonaparte ; interrompu par des marques de réprobation unanimes, l’orateur désappointé se perd dans la foule.
Après une courte halte, la colonne de Dunoyer se remet en marche et traverse les appartements qui conduisent au musée. Tout annonce qu’ils viennent à peine d’être quittés par la famille royale. De grands feux brûlent, dans les cheminées. Des billes et des queues de billard sont encore jetées pêle-mêle sur le tapis, comme pour une partie momentanément suspendue. Un piano est resté ouvert. Des albums sont épars çà et là. Dans la salle à manger, la table n’est qu’à moitié desservie ; quelques insurgés s’y rafraîchissent à la hâte. Arrivés à l’escalier du pavillon de Flore, près de l’aile attenante au Louvre, un bruit confus se fait entendre une porte à double battant s’ouvre comme d’elle-même, et les insurgés se voient, à l’entrée de la grande galerie du musée, à dix pas d’un détachement de gardes municipaux sous les armes[1] ; à l’autre extrémité
- ↑ Ce détachement se composait de 350 hommes venus des différents postes de Saint-Eustache, de la Halle aux blés, des Petit-Pères, de la