CHAPITRE XI
Suite de la troisième journée.
Il était dix heures. Louis-Philippe déjeunait, selon sa coutume, en famille, dans la galerie de Diane, lorsqu’on vint annoncer que MM. de Rémusat et Duvergier de Hauranne demandaient à parler à M. le duc de Montpensier. « Qu’ils entrent, » dit le roi. Et aussitôt, avec une grande affabilité, il engagea ses nouveaux ministres à prendre place à sa table.
Ceux-ci s’en défendirent ; ils semblaient très-agités ; ils voulaient et n’osaient parler. Après quelques minutes d’une contrainte que tout le monde, hormis le roi, lisait sur leurs traits altérés, s’apercevant enfin qu’il s’agissait de quelque nouvelle grave :
« Que se passe-t-il ? » dit Louis-Philippe en emmenant M. de Rémusat dans une embrasure de fenêtre.
La reine, le duc de Montpensier et les princesses restaient muets à leur place, les yeux fixés sur les deux interlocuteurs.
« Sire, dit M. de Rémusat en baissant la voix, il n’y a pas un instant à perdre ; l’émeute triomphe sur tous les points ; elle avance à pas de géant. Le poste du Château-d’Eau, qui tient encore avec un courage héroïque, n’en a plus peut-être que pour peu d’instants ; avant une heure, il est pro-