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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

dans un langage énigmatique, que cette question désormais ne dépendait plus des ministres, mais de la Providence.

Enfin, le 17, après bien des tergiversations, le National, autorisé par la réunion des députés réformistes, annonçait qu’on s’était entendu sur le choix d’un local privé où le banquet aurait lieu le dimanche suivant. Ce local était un terrain vague, appartenant à M. Nitot et situé dans les Champs-Élysées. Un nombre considérable d’anciens députés de l’opposition, parmi lesquels on comptait MM. de Cormenin, Martin de Strasbourg, Taschereau, etc., et trois pairs de France, MM. le duc d’Harcourt, de Boissy, d’Alton-Shée, faisaient connaitre en même temps leur intention formelle d’assister au banquet. Le bruit courait que les commandants supérieurs de la garde nationale, inquiets de ces dispositions, tenaient prêts des billets de service en blanc, au moyen desquels on improviserait une garde nationale de choix, une fausse garde nationale, disaient les journaux radicaux[1]. On affirmait aussi que M. le duc de Montpensier avait donné l’ordre, à Vincennes, où l’on travaillait nuit et jour à confectionner des munitions, d’expédier sur l’École militaire deux batteries d’artillerie de campagne, vingt caissons d’infanterie, des boîtes à mitraille,

  1. Ces bruits prirent si bien consistance, que le chef d’état-major de la garde nationale, M. Carbonel, crut devoir réclamer dans les journaux contre cette calomnie. Voici les réflexions dont le Constitutionnel accompagnait la lettre du général :
    « Nous avons publié hier le procès-verbal d’une réunion extraordinaire des officiers et délégués de la 3e compagnie du 4e bataillon 10e légion, duquel il résulte que le sergent-major de la compagnie, chargé de composer un piquet de douze hommes pour une éventualité, a remis directement à l’état-major de la 10e légion douze billets de garde sans date et portant les noms de douze chasseurs qu’il est convenu avoir choisis sur le contrôle de la compagnie, sans observer, ainsi que c’était son strict devoir, l’ordre naturel des tours de service, et sans en avoir informé le capitaine.
    À propos de cette publication, M. Carbonel nous somme de reproduire la lettre suivante qu’il a adressée au National.
    Après avoir lu cette lettre, on s’apercevra aisément qu’elle ne détruit pas les assertions contenues dans le document que nous venons