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HISTOIRE

éloquents, dernières paroles recueillies avec amour, qui exhortaient la jeunesse à se rapprocher du peuple, à imiter ses vertus, à plaindre ses maux, à se sacrifier au besoin pour lui.

Depuis ce jour, la fermentation avait été croissant dans les écoles ; le 3 janvier, elle se produisit au dehors d’une manière qui importuna singulièrement les conservateurs. Trois mille étudiants environ, ayant rédigé une pétition aux députés, se rendirent à la Chambre pour demander justice au nom de la liberté violée et de l’indépendance de l’enseignement supérieur, atteint dans les personnes de MM. Mickiewicz, Quinet et Michelet. Après avoir déposé leur pétition entre les mains de M. Crémieux, ils allèrent successivement en bon ordre, mais avec une contenance fière et résolue, aux bureaux du National, de la Réforme, de la Démocratie pacifique. Là, MM. Thomas, Flocon et Cantagrel, rédacteurs de ces différents journaux, les félicitèrent de leur ardeur à défendre la liberté de la pensée et les grandes idées de la Révolution ; ils annoncèrent l’heure prochaine d’un réveil formidable de l’opinion publique. Puis les étudiants se dispersèrent, sans avoir occasionné aucun désordre ; mais l’impression n’en était pas moins produite sur la population parisienne. Une alliance tacite était conclue au nom des droits les plus saints. L’air se chargeait d’électricité.