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DE LA SECONDE ÉDITION

le même temps, d’agiter la place publique. Elle n’exalte plus les imaginations ; elle ne parle plus par la voix des sybilles et des prophètes ; le trépied est renversé ; l’oracle se tait ; les ténèbres et les mystères sont évanouis. C’est au grand jour de la raison publique que la Révolution s’avance à pas comptés, à visage découvert. C’est dans les réalités palpables, dans la science, dans l’industrie, dans la rigueur mathématique des vérités positives qu’elle a trouvé sa force et fondé sa puissance.

La science, au dix-neuvième siècle, est profondément révolutionnaire, car elle a établi dans l’infinité des mondes le règne de la loi ; et, vengeant Galilée, elle a chassé des conseils de l’éternelle sagesse les oppresseurs insolents de la raison humaine.

L’industrie, comme la science, est acquise à la Révolution, car ses intérêts lui commandent la liberté : avec la liberté, l’émulation du travail, d’où naissent la sollicitude pour la vie du travailleur et le respect du génie populaire.

La politique aussi, l’antique droit des gens, se transforme au souffle magique de la Révolution ; elle invoque le vœu des nations ; elle reconnaît, en des pactes solennels, les faits accomplis, contre la volonté des rois, par la volonté des peuples.

La Révolution, enfin, occupe les hauteurs, elle est maîtresse des positions stratégiques de la civi-