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DANTE ET GŒTHE.
DIOTIME.

« Tout conspire, tout concourt, tout consent » au développement de cette organisation exquise : la naissance et les biens qui ouvrent tous les accès ; l’influence maternelle (le père de Dante mourut qu’il avait dix ans à peine) qui plane doucement sur la liberté de l’enfant pour la protéger, tandis que, trop souvent, le pouvoir paternel pèse sur elle et l’opprime ; le haut enseignement de Brunetto Latini, qui fortifie le caractère en même temps que la pensée de Dante ; l’école de Cimabue, les leçons de Casella, qui l’initient aux arts du dessin et de la musique ; des émules, des amis, tels que Giotto. Guido Cavalcanti, Oderisi d’Agubbio ; avant tout, par-dessus tout, le rayon soudain de l’amour, qui le touche à cet âge de candeur première où rien ne trouble encore l’effet de la grâce divine, et qui le consacre pour l’immortalité.

MARCEL.

Avec la permission de Viviane, je vous dirai que vous abordez là un point de la vie de Dante qui m’a toujours paru incroyable, inexplicable…

DIOTIME.

C’est un cercle très-étroit, Marcel, que le cercle de l’explicable, et ce n’est pas l’orbite des grandes destinées. Faites attention, d’ailleurs, que nous voici en présence d’un fait. Si vous ne pouvez pas l’expliquer, vous pouvez encore moins le supprimer. Concluez donc