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PREMIER DIALOGUE.
MARCEL.

Pardon, pardon ! Il me semble que vous poétisez quelque peu les choses. Défait fort laid, votre Dante. Je ne sais plus dans quel auteur j’ai lu qu’il avait la lèvre inférieure affreusement épaisse et débordant l’autre, et qu’on le trouvait de son temps un philosophe mal gracieux.


VIVIANE.

Le portrait de Giotto est là pour te répondre.

ÉLIE.

La fresque de Giotto ne prouve rien, Viviane. Le portrait comme nous l’entendons, la physionomie, la ligne caractéristique, telle que l’a faite, un des premiers, Masaccio, personne n’y songeait alors, et je crois que Marcel pourrait bien avoir raison.

MARCEL.

Mais j’en suis sûr ; le vrai Dante, c’est celui de qui les femmes de Vérone, en regardant son teint jaune, sa barbe, ses cheveux noirs et crépus, disaient qu’il avait été ainsi tout enfumé par le feu d’enfer.

VIVIANE.

Quelle belle érudition !… Ne faites pas attention à ce qu’il dit, chère Diotime, et continuez. Vous m’intéressez au plus haut point.