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TROISIÈME DIALOGUE.

DIOTIME, VIVIANE, ÉLIE, MARCEL.

Par une de ces brusques variations des vents qui sont si fréquentes au bord de la mer et qui changent instantanément l’aspect du ciel et des eaux, l’horizon de Portrieux dans la matinée du deux septembre n’était que splendeur. Une sorte de vibration sonore et chaude animait l’atmosphère. Les oiseaux fêtaient le retour du soleil. Tout présageait une de ces belles journées d’automne qui, pareilles à certaines joies du tard de la vie, nous charment et nous émeuvent d’autant plus que nous les sentons plus proches de l’heure où tout va s’assombrir. On partit pour le cap Plouha. Les chemins défoncés par la pluie ne permettaient pas d’y risquer une voiture et des chevaux de ville ; nos amis montèrent dans la carriole rustique de leur hôte. Depuis quinze ans qu’elle allait à toutes les foires, cette brave carriole était accoutumée aux ornières, et la jument aveugle qui la traînait, connaissait d’instinct et de