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PREMIER DIALOGUE.

embrassent, ils élèvent à son expression la plus haute l’idée la plus vaste qu’il soit donné à l’homme de concevoir la notion de sa propre destinée dans le monde terrestre et dans le monde céleste ; le mystère, l’intérêt suprême de son existence en deçà de la tombe et au delà ; le salut de son âme immortelle. Le sujet de la Comédie et le sujet de Faust, ce n’est plus, comme dans l’épopée antique, une expédition guerrière et nationale, la fondation de la cité ou de l’État ; c’est la représentation des rapports de l’homme avec Dieu dans le fini et dans l’infini ; c’est le grand problème du bien et du mal, tel qu’il s’est agité de tout temps dans la conscience humaine, avec la réponse qu’y donnent, selon la différence des âges, la religion, la philosophie, la science, la politique.

ÉLIE.

Pardon. Ce que vous dites ne s’appliquerait-il pas également bien au Paradis perdu de Milton, à la Messiade de Klopstock ?

DIOTIME.

Pas entièrement. D’ailleurs, ce n’est là qu’un point touché de ma comparaison. Nous allons la serrer de plus près. Remarquez d’abord que les deux poëmes, tout en étant l’expression d’une préoccupation permanente et universelle de l’esprit humain, sont aussi l’expression particulière des préoccupations d’une époque et d’une nation. La Comédie dantesque est un monument historique où se perpétuent à jamais les croyances,