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DANTE ET GŒTHE

Tout d’un coup, il s’arrête il venait d’apercevoir son maître, assis aux pieds de Diotime ; et peut-être aussi, qui sait ? le panier ouvert entre eux deux, qui promettait à son appétit quelques reliefs. Quoi qu’il en soit, d’un trait, Grifagno franchit l’espace ; il se jette sur Élie avec une impétuosité folle, renverse le panier, les figues, et, de son long museau désappointé, les culbute sur le sable. Tout cela avait été l’affaire d’un clin d’œil. Dans le même temps, la svelte amazone arrivait à fond de train. Elle sautait lestement à bas de son cheval, détachait de la selle une gerbe de fleurs sauvages, et s’avançait vers Diotime avec un air gracieux.

DIOTIME.

Quelle surprise ! Nous ne vous attendions plus.

VIVIANE.

C’est par hasard que nous vous rejoignons. Nous reprenions la route de Portrieux, pensant vous y trouver, quand Marcel s’est avisé de demander au garde-côtes s’il ne vous aurait point vus. C’est ce brave douanier qui nous a dit que vous aviez laissé la voiture à Tréveneuc et que vous deviez être encore par ici quelque part.

ÉLIE.

Le cap Plouha a exercé sur nous sa magie. Diotime a eu des visions, j’ai fait des rêves. Les heures ont glissé sans bruit, comme ces voiles qui disparaissent