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« Or le meilleur de tous les pièges est sans contredit le foudre de l’anathème[1].

« On peut faire pour la conservation des récoltes même ce qui est défendu par les lois : ainsi les enchantements, les sortilèges prohibés par le droit, sont permis toutes les fois qu’ils ont pour objet la conservation des fruits de la terre : on doit, à plus forte raison, permettre d’anathématiser les insectes qui dévorent les fruits, puisque, loin d’être défendu comme le sont les sortilèges, l’anathème est au contraire une arme autorisée et employée par l’Église[2]. »

À l’appui de ces assertions, l’auteur cite des exemples de semblables anathèmes, tels que ceux de Dieu envers le serpent et le figuier ; il en rapporte plusieurs comme ayant eu lieu à des époques récentes.

Il parle d’une excommunication prononcée par un prêtre contre un verger où des enfants venaient cueillir des fruits, au lieu de se rendre au service divin. Ce verger demeura stérile jusqu’au moment où l’excommunication fut levée à la demande de la mère du duc de Bourgogne[3].

Chasseneuz signale aussi l’excommunication fulminée par un évêque contre des moineaux qui auparavant souillaient de leurs ordures l’église de Saint-Vincent et venaient troubler les fidèles[4].

  1. Folio 16, verso, no 111.
  2. Folio 16, verso, no 116 et 117.
  3. Folio 17, no 120.
  4. Folio 17, no 123. Guillaume, abbé de Saint-Théodoric, qui a écrit la vie de saint Bernard, rapporte que ce saint, prêchant un jour dans l’église de Foigny (l’une des premières abbayes qu’il avait fondées en 1121 dans le diocèse de Laon), des mouches en