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VIIL

Autre de vous jamais ne quiers amer,
Très doulz amis, qui j’ai donné m’amour.
Car à mon gré je ne puis miex trouver,
Autre de vous jamais ne quiers amer.
Et si sai bien5 sans le plus esprouver,
Que vostre cuer fait en moi son demour.
Autre de vous jamais ne quiers amer,
Très doulz amis, qui j’ai donné m’amour.

Merveille fu que mon cuer ne parti (6)
Quant de moi vi mon doulz ami partir ;
Car tel doleur unques mais ne senti,
Merveille fu que mon cuer ne parti.
Tant com je pos de regart le suivi,
Mais en po d’eure ne le pos plus veyr.
Merveille fu que mon cuer ne parti
Quant de moi vi mon doulz ami partir.

As

L’amour de vous qui en mon cuer remaint,
Très doulz amis, jamais ne peut estaindre.
Car sans cesser en ma pensée maint
L’amour de vous qui en mon cuer remaint.
Et nulle rien n’est qui tant mon cuer taint :
Si croist adès que jamais n’yert maindre
L’amour de vous qui en mon cuer remaint,
Très doulz amis, jamais ne peut estaindre.