Page:Aghassi - Zeïtoun.pdf/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
ZEÏTOUN

le public mais surtout à deux classes de lecteurs.

Aux hommes d’État d’abord qui, deux années, laissèrent massacrer tout un peuple sans vouloir intervenir, sans comprendre qu’ici l’intérêt de l’humanité se confondait avec les intérêts de toute l’Europe, sans vouloir se rappeler que l’Europe, et la France surtout, avait des engagements d’honneur et de reconnaissance envers ces gens-là ! Aux hommes d’État qui, depuis cinq ans bientôt, vont répétant le mot du diplomate russe : « Je connais bien des Arméniens, mais je ne connais pas d’Arménie ». La voici, cette Arménie que l’on ne veut pas voir, ce Monténégro arménien qui de tout temps fut libre, dont l’indépendance fut reconnue et protégée par les ambassadeurs français de 1860 à 1870, et qui eût été le noyau de la future nation arménienne, si les diplomates d’aujourd’hui songeaient à préparer à leur pays et à l’Europe un avenir de paix réelle. Elle est toute petite encore cette Arménie. Mais, au début du siècle, la Slavie du Monténégro et la Grèce du Souli étaient plus petites encore, et pourtant l’une et l’autre ont grandi et grandiront, et les succès mo-