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ZEÏTOUN

était le monarque absolu de son district. Parfois, dans des circonstances extraordinaires, ils envoyaient des présents aux chefs féodaux de Marache, pour gagner leur amitié et leur assistance ; ces présents se composaient presque toujours d’objets enlevés aux caravanes[1]. Il entrait

  1. Pour donner une idée des ravages que commettaient ces chefs de tribu, nous citerons seulement ceux qui se sont commis dans ce siècle par les chefs de tribu de Païas.

    Au commencement de ce siècle, le chef turcoman Kutchuk-Ali ou Khalil-Bek régnait dans le district de Païas. Il avait mis sous impôts non seulement les populations de ce pays, mais il pillait même la grande caravane envoyée à la Mecque par le Sultan. Les pachas ottomans essayèrent plusieurs fois de s’emparer de cet homme, mais ils ne réussirent jamais et furent toujours repoussés. Ils finirent par lui accorder le titre de pacha. Cela ne suffit pas pour retenir Khalil-Bek qui continua ses inclusions, il se mit même à attaquer les navires européens et à rançonner les voyageurs. Au moment où la caravane de la Mecque passait, pour jeter l’effroi sur les pèlerins, il faisait pendre deux prisonniers à l’entrée du pont de Païas. Il mourut en 1808. Son fils Dédé-Pacha continua l’œuvre de son père. En 1815, au moment du passage de la caravane de la Mecque, ayant appris que la fille de Sultan Mahmoud se trouvait parmi les pèlerins, il l’enleva. Les pachas turcs ne purent jamais s’emparer de lui. En 1818, il fut arrêté par trahison et tomba aux mains de Mustafa-Pacha de Beïlan. On lui coupa la tête et on brûla son corps.

    Son frère Mestek-Bek, qui n’avait encore que douze ans, s’enfuit à Marache où il se réfugia chez Ahmed Pacha-Zulcadir. Dix ans après il quitta Marache pour retourner dans son pays, mais il le trouva occupé par Hadji-Ali-Bek, le chef de la tribu Karadja qui régnait en ce moment sur la plus grande partie des plaines de la Cilicie. Il rencontra d’abord une vive hostilité de la part de Hadji-Ali-Bek, mais dans quelque temps Ils trouvèrent le moyen de se réconcilier. En 1832, comme Ibrahim-Pacha était venu d’Égypte devant le passage de Beïlan et que Husseïn-Pacha s’était dirigé contre lui avec les troupes ottomanes, Mestek-Bek, pour se montrer ami des Turcs, alla aider Husseïn-Pacha à passer ses troupes par les gorges Husseïn-Pacha l’envoya à Constantinople pour qu’il y fût récompensé. Mais le Sultan le condamna à mort secrètement. Mestek-Bek réussit à s’enfuir de la prison sous un déguisement européen et revint