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Arménien ; ils comptaient faire la même chose à Yénidjé-Kalé, et en supprimant, ainsi tous les témoins du crime, ils pensaient attribuer le meurtre des missionnaires aux Zeïtouniotes[1]. Heureusement, quelques jeunes Arméniens avaient réussi à s’enfuir à Yénidjé-Kalé, et annoncer aux deux autres missionnaires le crime commis à Moudjik-Déré.

Les deux missionnaires s’étaient réunis dans le couvent de Yénidjé-Kalé, ayant avec eux un frère lai qui venait d’arriver de l’Espagne ainsi que tous les paysans arméniens ; ils attendaient la mort. Mais quelques Arméniens avaient pu arriver près de la troupe des combattants d’Alabache et l’avaient averti du danger qui menaçait les habitants de Yénidjé-Kalé. Nos combattants changèrent de route et se dirigèrent vers Yénidjé-Kalé. Vingt-deux Zeïtouniotes d’entre eux y sont arri-

  1. Le passage suivant, du colonel de Vialar, confirme ce que je viens d’avancer : « Cette enquête a été faite, mais elle a été conduite avec peu de précision ; j’ai eu à lutter pour arriver à faire poser des questions toutes naturelles ; mes collègues ottomans me tenaient en état de quarantaine morale ; je n’existais pour eux qu’à l’heure de l’instruction et des repas. Tous ces signes permettent de penser que certains membres au moins de la commission étaient désireux d’obscurcir la vérité, de disculper les troupes du massacre commis par elles, et d’en rejeter la responsabilité, autant que possible, sur d’autres, sur des Zeïtountes ou des bachi-bozouks. » (Voir Livre Jaune, 1893-1897, page 252.)