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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

Virginie, qui est si amusante quand elle se met en colère. »

Armelle eut bien un peu envie de suivre son frère, et celui-ci espérait la tenter en lui proposant ce qui était leur passe-temps quand ils ne savaient plus que faire : c’est-à-dire impatienter la vieille cuisinière, qui, un peu grognon de son naturel, ne pouvait voir tourner autour d’elle les enfants qui remuaient ses casseroles, voulaient goûter aux sauces et la taquinaient de toutes manières. Mais Armelle, retenue un peu par la honte de revenir la première, un peu par la mauvaise humeur qu’elle conservait contre Edmond, resta à sa place ; et à peine son frère fut-il parti, qu’elle prit un autre chemin pour revenir à la maison. En arrivant au détour d’une allée, elle aperçut Gilberte qui revenait seule. Elle courut à elle ; mais, voyant que sa cousine avait l’air très-sérieux, elle se mit à marcher en silence auprès d’elle. Au bout d’un moment, elle se hasarda à demander :

« Tu es fâchée, Gilberte ?

— Oui, très-fâchée, parce que vous avez été bien méchants, répondit Gilberte.

— Mais c’était pour nous amuser. Ed-