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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

de se moquer de moi, qui ne suis pas douce, et qui me fâche souvent. Tantôt, je n’ai pas su ma leçon, et, en sortant de la salle d’études, j’étais déjà bien fâchée, parce que maman m’avait dit de l’apprendre pendant la récréation. Je suis allée dans notre chambre pour chercher un livre que j’y avais oublié ; Anne-Marie y était occupée à surveiller sa poupée, qu’elle avait couchée dans le berceau.

« — Eh bien ! me dit-elle, as-tu su ta leçon ?

« — Laisse-moi tranquille, lui dis-je impatientée.

« — Allons, ma douce amie, ne te fâche pas, ce n’est pas ma faute si tu ne l’as pas sue. »

« Là-dessus, ma colère a éclaté, et, ne trouvant rien autre chose sous ma main, j’ai pris sa poupée et je l’ai jetée dans le jardin par la fenêtre, qui était ouverte. Elle s’est cassée. Maman, qui est arrivée au bruit, a emmené Anne-Marie et m’a enfermée dans la chambre jusqu’à ce que ma colère fût passée ; car je m’étais mise à crier, à pleurer et à frapper du pied, ce que j’ai continué de plus belle quand j’ai vu que maman me renfermait.