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LA MADONE DE MAILLERAS

fille, toute la reconnaissance que nous en avons, et combien nous voudrions pouvoir la lui témoigner ; car j’aimerais mieux que mon Jean fût resté un petit paysan ignorant que de le retrouver changé et ayant perdu ses heureuses qualités. »

Et la jeune fille le pensait comme elle le disait : elle se sentait fière de l’intelligence de son frère ; mais elle mettait bien au-dessus des succès qu’il pourrait avoir son attachement à la foi de son enfance et l’honnêteté de ses sentiments.

Jean repartit enfin, et ce ne fut pas sans avoir reçu encore les recommandations de son père et de sa sœur, et sans leur avoir beaucoup promis de continuer à se bien conduire.

Lizzie pleura encore en le quittant ; mais cette fois, elle n’avait plus en le voyant partir les appréhensions que pouvait lui donner le premier voyage de son frère. Elle savait qu’il était entre bonnes mains, et elle espérait que cette éducation faite loin du pays laisserait son frère simple et bon comme il avait toujours été. Jean, emporté par la voiture, vit encore une fois disparaître les maisons de Mailleras et le cours sinueux de la Gar-