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LA MADONE DE MAILLERAS

n’y revenir que deux mois plus tard, afin d’emmener Jean avec lui. Ce départ résolu, Lizzie se montra courageuse, et, voulant s’oublier elle-même, elle se redisait sans cesse que c’était pour le plus grand bien de l’enfant que son père et elle y avaient consenti. Pourtant, tout en le préparant à sa première communion, elle n’oubliait point ce qui devait la suivre, et la pensée de cet éloignement lui pesait douloureusement sur le cœur. Quant à Jean, il faisait de magnifiques projets, et il voyait déjà en imagination les succès qu’il aurait, et dont son père et sa sœur partageraient la gloire.

« Tu verras, petite sœur, disait-il à Lizzie, qui, penchée sur son ouvrage, travaillait à la lueur de la lampe ; je travaillerai si bien, que je serai vite habile ; et quand je reviendrai te voir, je ferai ton portrait, et puis celui de père, et aussi l’étang des Roseaux, comme M. Lannek l’a fait ; car je n’oublierai rien, ni toi, ni le pays, va !

— Ni le bon Dieu surtout, Jean, dit Lizzie en relevant la tête ; et tu feras ta prière tous les matins et tous les soirs, comme tu la faisais quand tu étais tout petit, alors que je joignais tes petites mains en te faisant ré-