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point de sa rive gauche il détache un prolongement latéral qui est baigné par le lac d’Aletsch ou de Moeril, et en même temps l’on voit des crevasses se former perpendiculairement à l’axe de ce prolongement.

M. Hugi, ainsi que je l’ai fait remarquer au chapitre premier, admet deux espèces de crevasses. Les unes qu’il appelle crevasses de jour, ne se forment suivant lui que pendant le jour et en été ; les autres qu’il appelle crevasses de nuit, ne se forment que de nuit et en hiver. Les crevasses de jour sont, dit-il, toujours évasées vers la surface et se rétrécissent par en bas ; les crevasses de nuit, au contraire, sont larges en bas et rétrécies en haut. Les premières seraient, suivant lui, de beaucoup les plus fréquentes ; mais elles ne se rencontreraient pas dans les hauts névés. Pour ma part, je n’ai pas eu le bonheur de constater cette différence, quelque peine que je me sois donnée à cet effet. Toutes les crevasses que j’ai vues, jusqu’à une hauteur de 10 000 pieds étaient ou évasées à la surface, ou à parois parallèles. Il résulte aussi du récit de Zumstein que la grande crevasse du Mont-Rose dans laquelle il passa la nuit, à une hauteur de 13 128 pieds, allait en se rétrécissant de haut en bas. Les parois montraient un grand nombre de bandes de trois à quatre pouces de larges, que Zumstein envisage comme correspondant à autant de couches annuelles de neige.