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neige rouge commençait à se former. Ces couches étaient peu inclinées, et leur exposition était vers l’est et le nord-est ; leur surface était plus ou moins parsemée de petites particules de terre, qui lui donnaient cette apparence grisâtre de saleté que présente toujours la vieille neige à des hauteurs moyennes et dans les positions où elle est dominée par du terrain plus élevé. La surface était de même sillonnée et légèrement creusée par l’effet du vent et de l’écoulement des eaux produites par le dégel partiel de la surface, dégel singulièrement favorisé par la grande absorption de chaleur dans les particules terreuses. Par-ci par-là on remarquait des taches roses ou couleur de sang très-pâle, d’une forme et d’une étendue indéterminée, surtout plus prononcées dans les sillons et au fond des creux. La nature de la vieille neige étant toujours plus ou moins grossièrement granuleuse, la matière colorante était contenue dans les intervalles des grains ; ce qui donnait à la surface, vue de près, une apparence marbrée. Les taches colorées s’étendaient sous la surface de la neige jusqu’à une profondeur de quelques pouces, souvent même presque d’un pied ; quelquefois la couleur était plus prononcée à la surface, mais d’autres fois son intensité était plus forte à une profondeur de quelques pouces. Là où des rochers ou des pierres avaient formé des puits dans la neige, les côtés perpendiculaires de ces puits étaient aussi colorés à une profondeur de plusieurs pieds ; mais la matière colorante ne pénétrait qu’à une très-petite profondeur dans la substance de