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en plus, et dès qu’ils trouvent une issue dans quelque caverne, la masse d’eau, qui s’était accumulée dans le creux, se précipite sous le glacier. Nous avons vu de ces entonnoirs qui avaient plus de trente pieds de diamètre et dans lesquels venaient s’engouffrer de véritables torrens. Il est impossible d’imaginer un plus beau spectacle que celui de pareilles rivières coulant ainsi dans des parois de glace et allant se perdre à grand bruit dans l’intérieur du glacier.

Ce qui tendrait à prouver que c’est de la manière que je viens d’indiquer que ces creux se forment, c’est qu’ils n’ont aucune espèce de fixité ; ils varient d’une année à l’autre, et il paraîtrait, au dire des habitans de la vallée, que, pendant telle année, il y en a beaucoup et, pendant telle autre, peu. Mais comment se fait-il, me demandera-t-on, que de pareils phénomènes ne se rencontrent pas aussi habituellement ailleurs ? Sans prétendre résoudre cette question d’une manière absolue, je pense que cela tient essentiellement à la position même du glacier. Placé au milieu de cette grande mer de glace, dont l’inclinaison est très-faible, le glacier du Mont-Rose, à raison même de cette position, ne peut avoir de nombreuses crevasses ; car, ainsi que nous le démontrerons plus bas, les crevasses affectent de préférence les rapides et les bords du glacier. La glace qui fond (et nous venons de voir que la masse d’eau qui s’accumule à la surface du glacier du Mont-Rose est très-considérable) doit