ou moins les fragmens ou soi-disant cristaux dont se compose cette glace, la rend âpre, au point que l’on chemine sans aucun danger sur tous les glaciers lorsqu’ils ne sont pas rendus impraticables par des crevasses, ou que leur pente n’est pas trop roide. Leur glace n’est compacte et glissante à la surface qu’autant qu’elle est abritée contre les agens extérieurs par la moraine ou par des blocs isolés. Le plus commode de tous les glaciers est, sans contredit, le glacier inférieur de l’Aar. Sa pente étant très-faible, il n’a que peu de crevasses, et l’on marche plus agréablement à sa surface que sur bien des chemins de montagnes. M. Hugi a même fait le trajet, de l’extrémité du glacier à sa cabane, à cheval.
Tous les glaciers, quoique composés des mêmes élémens et formés sous les mêmes influences, présentent cependant chacun un caractère particulier qui résulte de la disposition de leurs crevasses, de leurs aiguilles, de leurs moraines et de plusieurs autres accidens. Certains glaciers sont d’une blancheur éclatante, presque sans trace de sable ou de gravier à leur surface (glaciers de Rosenlaui et du Tour), tandis que d’autres en sont recouverts dans toute leur largeur, au point que l’on peut cheminer à leur surface sans se douter que l’on marche sur un glacier (le glacier inférieur de l’Aar, le grand glacier de Zmutt et d’autres). Quelques-uns sont tellement crevassés qu’ils ne présentent que des gouffres béants dans presque