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selon les diverses années, dans les mêmes lieux. Mais M. Hugi se fait illusion lorsqu’il prétend que cette ligne est constante et indépendante de la position du glacier et de l’influence des saisons et des années. Je n’ai pas, il est vrai, eu l’occasion de la vérifier sur beaucoup de glaciers de l’Oberland bernois, mais dans les glaciers du Mont-Rose je me suis élevé à près de 10 000 pieds sans la rencontrer. Le glacier de St-Théodule est de glace compacte à sa surface, jusqu’au pied du grand pic du Mont-Cervin. De même le grand glacier de Zermatt ne montre aucune trace de névé à une hauteur de plus de 8 000 pieds. Or M. Hugi place la ligne des névés entre 7 600 et 7 800 pieds dans tout l’Oberland bernois, et il n’admet que 100 pieds de plus dans la chaîne des Alpes pennines. Les faits cités plus haut prouvent d’ailleurs qu’il se forme de véritables glaces là où M. Hugi pense qu’il n’existe que du névé, entre autres près des cimes du Mont-Rose et du Mont-Blanc.

Le passage du glacier au névé n’est rien moins que tranché à la surface ; il dépend en beaucoup de cas de la position du glacier, de la vitesse de sa marche et d’une foule d’autres circonstances. M. Desor a eu l’heureuse idée de chercher un moyen plus sûr d’en apprécier la limite, dans les rapports du glacier avec ses moraines, et il a trouvé que celles-ci ne commencent à surgir que là où la glace a acquis une certaine consistance ; car, comme nous le verrons