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prouve suffisamment que l’eau doit s’y trouver parfois à l’état liquide, pour cimenter le névé et le transformer en glace. D’ailleurs M. Zumstein ajoute lui-même qu’il fut assailli par la pluie à une hauteur de près de 10 000 pieds. Or s’il y pleut, le soleil, à bien plus forte raison, doit être capable de fondre le névé ; car ce qui empêche habituellement la fonte, c’est moins le défaut de chaleur, que la sécheresse de l’air, qui transforme immédiatement la neige en vapeur d’eau. Enfin M. Hugi trouva le névé de la Mer de Glace de l’Oberland bernois, au pied du Grünhorn, tellement imbibé d’eau, que son guide y enfonçait jusqu’aux genoux[1].

Mais s’il est vrai que l’eau est indispensable pour transformer le névé en glacier, il est également vrai que la glace de glaciers ne saurait se former directement de l’eau, et c’est en quoi elle diffère de la glace ordinaire. Pour s’en convaincre il suffit d’examiner la glace qui se forme, pendant les nuits d’été, sur les petits filets d’eau et les creux de la surface du glacier, et l’on verra qu’elle n’a absolument rien de commun avec le massif du glacier ; elle n’est d’aucune durée, et avant qu’il soit midi le soleil l’a ordinairement déjà fondue. C’est donc à tort que quelques auteurs ont voulu ranger ces filets d’eau parmi les agens créateurs de la glace des glaciers ; plusieurs

  1. Hugi, Naturhistorische Alpenreise, p. 278.