Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de fragmens inégaux se désagrégeant et se réagrégeant continuellement, doit aussi puissamment contribuer à leur formation et à leur renouvellement. De Saussure a démontré expérimentalement que la glace formée de neige imbibée d’eau était ainsi remplie de bulles d’air : si nous supposons dès lors cette glace artificielle soumise à tous les mouvemens de la masse des glaciers, sous une pression plus ou moins considérable, nous aurons réuni toutes les conditions nécessaires à la formation de ces fissures capillaires, qui jouent un si grand rôle dans la plupart des phénomènes que présente la glace des glaciers.

L’intérieur des crevasses est bien moins âpre que la surface du glacier ; leurs parois, par cela même qu’elles sont verticales, offrent moins de prise aux agens extérieurs ; cependant elles ne sont pas, à beaucoup près, aussi lisses que les endroits recouverts par des moraines ou par des blocs isolés ; c’est surtout sous les nappes de blocs de l’extrémité inférieure des glaciers que la glace acquiert son maximum de compacité ; elle y est souvent d’une dureté telle, qu’elle se brise en esquilles, dont les bords sont aussi tranchans que s’ils étaient de verre.

Il résulte de ceci que le névé ne peut se transformer en glace qu’à l’aide de l’eau, soit que cette eau provienne de la fonte de la croûte supérieure ou des pluies. On a prétendu que, passé une certaine limite, la neige et les névés n’étaient plus susceptibles de se