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l’appelle la Corne brune, pour le distinguer du Breithorn, qui n’en est séparé que par un glacier étroit, le glacier du Petit Cervin. Ce dernier se réunit bientôt au glacier de la Furkeflue, qui est beaucoup plus large, et communique avec le grand plateau de glace de St-Théodule. Je l’appelle glacier de la Furkeflue, parce qu’avant de descendre au grand glacier de Zermatt, il longe les flancs de l’arête qui porte ce nom. Enfin la grande plage de glace qui s’étend à droite de la Furkeflue, est le plateau ou glacier de St Théodule, qui sépare le Petit Cervin et le Breithorn du Grand Cervin ou Matterhorn. Ce plateau, qui porte aussi le nom de col de St-Jacques, sert de communication entre le Piémont et le Valais, pendant les mois les plus favorables de l’été. C’est au haut de ce col que sont situées les ruines du fort de St-Théodule, construit jadis par les Piémontais pour se préserver contre les invasions des Valaisans. Saussure y établit sa tente, lorsqu’en 1792, il vint mesurer la hauteur du Mont-Cervin.

Huit glaciers viennent ainsi se réunir dans la vallée qui longe le pied de toutes ces sommités, et y forment un grand fleuve de glace, qui porte le nom de glacier de Zermatt ou de Gorner, et qui en plusieurs endroits a plus d’une lieue de large. Tous ces glaciers sont loin de se confondre instantanément dans la masse commune ; ils conservent au contraire très-long-temps leurs caractères particuliers, et ce n’est qu’in-