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vu en eux que des masses glacées dominant les plus hautes sommités et les vallées les plus élevées de nos Alpes.

Nos lacs sont là pour nous dire que, malgré la quantité immense d’alluvions qui y sont entraînées constamment, et plus fortement à chaque changement de saison et après chaque averse, ils ne se sont cependant point remplis depuis que cet état de choses dure ; tant ce remplissage est insignifiant au fond. Mais comment se fait-il que les masses immenses de gros cailloux et de blocs gigantesques qui sont répandus entre les Alpes et le Jura, dans la plaine suisse comme au pied et sur la pente du Jura, ne les aient pas comblés ; que leurs rivages montrent encore des traces non équivoques de frottement et de polissage que leur lit même n’offre plus ? Tous ces faits, la présence des glaciers les explique, tout comme l’action des eaux actuelles nous explique les érosions de leur lit.

Mais quelque notables que soient les changemens que la terre a éprouvés dans les temps historiques, nous savons qu’elle en a subi de bien plus considérables à des époques antérieures, qui ont complètement changé son aspect et renouvelé les êtres organisés qui l’habitaient. On aurait bien tort d’envisager ces changemens comme des accidens ou comme des évènemens malheureux qui n’auraient fait que détruire ce qui existait : ils indiquent au contraire des époques de renouvellement dans cette série de métamorphoses