Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plique tout aussi bien par la supposition de la jonction des glaciers de deux vallées, donnant lieu au phénomène si fréquent d’une moraine médiane plus ou moins étalée.

À mesure qu’elles abandonnaient la plaine suisse, les glaces ont dû donner lieu à d’immenses courans qui ont occasionné des érosions très-notables. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans des détails circonstanciés sur les dénudations qu’a éprouvées la molasse qui occupe toute la grande vallée suisse, entre le Jura et les Alpes : cependant il est certain que l’examen des formes de ses nombreux dômes et des vides qui les séparent doit être pris en sérieuse considération dans l’appréciation des causes qui ont modifié le niveau primitif et l’aspect de la surface de nos terrains tertiaires.

M. Mousson[1], qui s’est plus particulièrement occupé de ce phénomène de dénudation, lui attribue trois phases diverses, dont la première correspondrait à l’égalisation du sol molassique, la seconde à la formation de la plupart et des plus considérables de ses inégalités, et la troisième enfin au transport des blocs erratiques. Mais nous venons de voir que l’ordre de succession des faits est inverse ; les blocs transportés sur la surface d’une grande nappe de glace étaient arrivés aux points où ils se sont arrêtés, que la glace

  1. Geognostische Beschreibung etc, l. c. p. 82.