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blocs erratiques sont autant d’esquilles détachées du massif des Alpes lors de leur soulèvement, et que par conséquent ils n’ont pu être transportés dans les lieux qu’ils occupent que postérieurement à ce soulèvement, l’on est tout naturellement conduit à se demander comment il se fait qu’ils n’aient pas comblé nos lacs. Il n’y a que deux cas possibles : ou les lacs se sont trouvés abrités d’une manière quelconque contre l’invasion des blocs, ou bien ils n’existaient pas lorsque le transport a eu lieu. Mais nous avons déjà vu plus haut que cette dernière supposition est en contradiction avec les faits, puisque l’on observe sur leurs deux rives des moraines disposées comme autour d’un glacier qui subit des oscillations. Je crois en conséquence que nos lacs sont dus au soulèvement des Alpes, ou du moins aux dislocations produites par ce cataclysme.

Le nord de l’Europe est le centre d’une autre région de blocs, qui sont répandus en Angleterre, en Allemagne, en Pologne et en Russie, et sur lesquels M. Pusch[1] a publié des aperçus généraux très-intéressans. Les roches polies qui les accompagnent ont été décrites par M. Sefstrœm.

Le nord de l’Amérique, avec ses blocs erratiques et ses roches polies[2] présente une répétition du même phénomène dans cette partie du monde.

  1. Geognostische Beschreibung von Polen, 2e partie, p. 570.
  2. On the polished limestone of Rochester, by Prof. Chester Dewey. Amer. Journ. Tom. 37, p. 241.