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sile trouvé sur les bords de l’Alaseia, rivière qui se jette dans la mer glaciale au-delà de l’Indigirska. Il avait été dégagé par le fleuve, se trouvait dans une position droite, était presque entier, et couvert de sa peau, à laquelle tenaient encore de longs poils en certaines places. Enfin, je citerai encore le fameux éléphant trouvé par M. Adams dans les glaces des bords de la Lena, et dont la conservation était telle, que les chiens furent nourris de sa chair[1].

  1. L’histoire de la découverte de cet intéressant animal est reproduite dans une foule d’ouvrages géologiques. Cependant, comme elle nous intéresse d’une manière toute particulière, je crois devoir en extraire ici quelques détails que j’emprunte à Cuvier.

    « En 1799, un pêcheur Tongouse remarqua sur les bords de la mer glaciale, près de l’embouchure de la Lena, au milieu des glaçons, un bloc informe qu’il ne put reconnaître. L’année d’après il s’aperçut que cette masse était un peu plus dégagée ; mais il ne devinait point ce que ce pouvait être. Vers la fin de l’été suivant, le flanc tout entier de l’animal et une des défenses étaient distinctement sortis des glaçons. Ce ne fut que la cinquième année que, les glaces ayant fondu plus vite que de coutume, cette masse énorme vint échouer à la côte sur un banc de sable. Au mois de mars 1804, le pécheur enleva les défenses, dont il se défit pour une valeur de 50 roubles. On exécuta, à cette occasion, un dessin grossier de l’animal, dont j’ai une copie, que je dois à l’amitié de M. Blumenbach. Ce ne fut que deux ans après, et la septième année de la découverte, que M. Adams, adjoint de l’académie de Pétersbourg, et aujourd’hui professeur à Moscou, qui voyageait avec le comte Golovkin, envoyé par la Russie en ambassade à la Chine, ayant été informé, à Jakutsk, de cette découverte, se rendit sur les lieux. Il y trouva l’animal déjà fort mutilé. Les Jakoustes du voisinage en avaient dépecé les chairs pour nourrir leurs chiens.