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dans différentes localités. Déjà Sir James Hall les avait signalées dans les environs d’Edimbourg. Plus tard MM. Sedgwick et Buckland les ont remarquées dans les comtés de Westmoreland et de Cumberland. M. de Verneuil, qui a visité plusieurs de ces localités, m’en a rapporté un fragment de calcaire magnésien, détaché de la surface du sol et qui présente exactement la même apparence que les roches polies du Landeron.

Il n’y a, je crois, qu’une manière de rendre compte de tous ces faits et de les lier avec l’ensemble des phénomènes géologiques connus, c’est d’admettre qu’à la fin de l’époque géologique qui a précédé le soulèvement des Alpes, la terre s’est couverte d’une immense nappe de glace dans laquelle les mammouth de Sibérie ont été ensevelis, et qui s’étendait au sud aussi loin que le phénomène des blocs erratiques, comblant toutes les inégalités de la surface de l’Europe antérieures au soulèvement des Alpes, remplissant la mer Baltique, tous les lacs du nord de l’Allemagne et de la Suisse, s’étendant au-delà des rives de la Méditerranée et de l’Océan atlantique, et recouvrant même toute l’Amérique septentrionale et la Russie asiatique ; que lors du soulèvement des Alpes, cette formation de glace a été soulevée comme les autres roches ; que les débris détachés de toutes les fentes du soulèvement sont tombés à sa surface, et que sans s’arrondir (puisqu’ils n’éprouvaient aucun frottement), ils se sont mus sur la pente de cette nappe