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certaine époque, ont dû couvrir les flancs de nos chaînes jurassiques. Mais de quelle nature étaient ces glaces, quelle était leur étendue, et quelle origine peut-on leur assigner à raison de leur étendue ? Voilà les questions qu’il nous reste encore à examiner.

C’est à MM. Venetz et de Charpentier qu’appartient le mérite d’avoir démontré la liaison intime qui existe, dans les Alpes, entre les glaciers et les anciennes moraines, qui en sont souvent fort éloignées. Partant du point de vue que les blocs erratiques du Jura sont des moraines, M. de Charpentier n’a vu dans la répartition de ces blocs que le résultat d’une extension extraordinaire des glaciers des Alpes, qui auraient poussé leurs moraines jusqu’au faîte du Jura ; et pour mettre cette théorie en rapport avec les circonstances climatologiques de nos latitudes, il suppose que la chaîne des Alpes a eu autrefois une élévation bien plus considérable, qui lui permit d’entretenir des glaciers d’une pareille étendue ; mais qu’à mesure qu’elle s’est affaissée, les glaciers se sont retirés dans les vallées supérieures qu’ils occupent aujourd’hui[1].

  1. Voici comment M. de Charpentier s’exprime lui-même à ce sujet : « Plusieurs considérations autorisent à croire que les Alpes furent soulevées à une hauteur plus grande que celle qu’elles ont maintenant. Toute leur masse, aussi bien que celle du Jura et de la Basse-Suisse, a dû subir un affaissement général, qui a duré aussi long-temps que les parties mal assises et disloquées n’eurent pas pris leur assiette et acquis la solidité et la stabilité qu’elles présentent maintenant.