Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendre à en rencontrer lorsqu’on ne considère que le relief du terrain. De semblables sillons s’observent dans une foule de localités du Jura, dans des positions telles, que l’on ne saurait admettre que les eaux s’y sont creusé des canaux, sans avoir été encaissées entre des parois dominant la position actuelle des sillons. À moins d’admettre que ces parois ont disparu depuis que ces sillons ont été creusés, ce qui est très-invraisemblable, l’on est bien obligé de chercher une autre explication. Or, rien n’est plus facile, du moment que les faits que nous avons déjà examinés démontrent l’existence de grandes nappes de glaces adossées au Jura. L’on est tout naturellement conduit à les attribuer aux filets d’eau circulant sous les glaces du Jura, et leur position dans des localités où les eaux ne pourraient pas s’écouler naturellement n’a plus rien d’extraordinaire.

Les lapiaz les plus remarquables du Jura sont ceux qui dominent Châtillon, au-dessus de Bevaix, ceux de la perte de Boujean, le long de la route de Bienne à Sonceboz, et ceux du sommet du Marchairu, dans le Jura vaudois, qui s’élèvent jusqu’à une hauteur absolue de 4 490 pieds. Dans les fentes de ces lapiaz, on trouve encore assez souvent des galets arrondis de roches alpines.

Les différences que l’on remarque entre les lapiaz du Jura et ceux des Alpes dépendent, comme celles des roches polies, de la configuration orographique