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Jura, et voici pourquoi. Les blocs erratiques du Jura ne gisent pas immédiatement sur le sol. Partout où les cailloux roulés, qui accompagnent d’ordinaire les grands blocs, n’ont pas été remaniés par des influences postérieures, on remarque qu’ils forment une couche de quelques pouces, et quelquefois même de plusieurs pieds, sur laquelle reposent les blocs anguleux. Ces cailloux sont très-arrondis, voire même polis et entassés de telle manière, que les plus gros sont à la surface, et les plus petits, qui passent souvent à un fin sable, au fond, immédiatement sur les roches polies. Or, le mode de transport de M. Lyell expliquerait bien pourquoi les blocs ne sont pas arrondis, attendu qu’ils auraient été protégés par la glace qui les revêtait ; mais il ne rend nullement compte de la présence de ces cailloux arrondis qui se trouvent dessous, non plus que de la formation des roches polies et des stries sur lesquelles cette couche repose.

Antérieurement à la théorie des courans, J. A. DeLuc l’aîné[1] avait proposé une autre explication du transport des blocs erratiques. Il leur assignait une origine très-différente, suivant leur position dans l’intérieur du Jura ou sur le revers extérieur de cette chaîne. Il supposait que ceux de l’extérieur avaient été lancés à travers les airs jusque sur le Jura, par

  1. J. A. DeLuc, Voyages géologiques, etc. Londres, 1813, in-8, Vol. 1.