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de manière que les remous auraient passé par dessus sans les déranger ? Ou bien, si c’est le remous lui-même qui les a déposés, pourquoi ne les a-t-il pas entraînés dans les régions inférieures, au lieu d’en couronner les crêtes ?

Enfin, le fait d’aussi grands courans que ceux que l’on nous dit avoir passé par dessus la Suisse, est en lui-même une énigme. Et si, à l’occasion des surfaces polies et des stries du centre des Alpes, que d’autres auteurs prétendent également avoir été occasionnées par l’eau, nous nous sommes crus autorisés à demander d’où provenait l’eau qui aurait exercé une aussi grande action sur les rochers, à bien plus forte raison sommes-nous en droit de demander où l’on place les réservoirs qui auraient pu alimenter des courans pendant un temps assez long, et leur imprimer une impulsion assez puissante pour transporter simultanément des blocs de toutes les crêtes des Alpes dans toutes les directions, et jusque sur le sommet du Jura.

Que l’on combine maintenant cette théorie avec le soulèvement des Alpes ; que l’on substitue à des courans d’eau des courans de boue ou de limon formés à la manière des éboulemens de la Dent-du-Midi, de la chute et de la fonte des glaciers, ou de toute autre manière, toujours est-il qu’arrivés jusqu’au Jura, avec une vitesse quelconque, ces courans auraient dû s’écouler une fois, soit à l’est, soit à l’ouest ; ils auraient par conséquent dû former des traînées longitudinales qui ne se