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les courans comme les agents de transport les plus énergiques. Cependant nous verrons qu’elle est loin de rendre compte de tous les phénomènes des blocs erratiques ; aussi les partisans de cette théorie ne s’accordent-ils nullement sur la nature de ces courants et sur les causes qu’ils leur assignent.

De Saussure[1], qui a émis le premier l’idée de grands courants, supposa que la plaine suisse formait un lac qui se serait écoulé par la rupture du Jura au Fort-de-l’Écluse, et que le courant déterminé par cette catastrophe les aurait entraînés dans les localités où on les observe. M. de Buch a très bien fait sentir ce qu’il y a d’invraisemblable dans la supposition d’un seul courant, puisque dans ce cas les blocs, au lieu de se déposer tout le long du Jura, à des niveaux très différents se seraient au contraire accumulés dans la direction de Genève[2]. Pour remédier à l’insuffisance de l’explication de Saussure, M. de Buch, se fondant sur la diversité pétrographique des blocs erratiques dans les diverses régions, admit autant de courants qu’il avait reconnu de régions distinctes. Il distingue en particulier le courant du Valais, celui du cours de l’Aar et celui de la Reuss et de la Limmath. Ces courants auraient reçu, à l’endroit d’où les blocs sont partis, une impulsion extraordi-

  1. Voyages dans les Alpes, Tom. I, Chap. VI.
  2. L. de Buch, l. c.