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pense même que c’est à des débâcles de ce genre qu’il faut attribuer le phénomène du remplissage de la partie inférieure des vallées alpines par des décombres qui en égalisèrent le fond, tel qu’on l’observe dans la vallée du Rhône, de Sierre au lac de Genève, et dans la vallée de l’Aar, entre Meiringen et le lac de Brienz. Lorsque les glaciers se sont retirés dans des limites plus étroites encore, ils ont oscillé entre les flancs des vallées secondaires, et y ont formé cette quantité si considérable de moraines que l’on rencontre partout dans la partie inférieure des vallées qui aboutissent à celle de Chamounix, à celle du cours du Rhône, au-dessous de Martigny, à celle de la Kander et à celle de Conches, etc. Si je voulais donner la description de toutes celles que j’ai observées, je pourrais en remplir plusieurs feuilles. J’ai la conviction que dans peu d’années l’existence des anciennes moraines sera envisagée comme un fait tellement évident, que l’on s’étonnera qu’il ait jamais pu être révoqué en doute.

La vallée de Chamounix présente un phénomène bien remarquable, relatif au mouvement de ses glaciers, lorsqu’ils occupaient les limites que je viens de signaler : c’est qu’au lieu de déboucher complètement à l’ouest, dans la direction du cours de l’Arve, ceux de la partie supérieure de la vallée, c’est-à-dire le glacier des Bois, celui d’Argentière et celui de Tour se dirigeaient vers les Montets et Valorsine, avec