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reilles, les blocs ne peuvent s’arrêter en amont ni sur les flancs du rocher ; car, de ce côté, la vitesse du courant est accélérée par la résistance, et les blocs mobiles sont entraînés avec violence au-dessous de la saillie, où ils se déposent.

3o Les roches polies et striées, telles qu’elles ont été décrites au chapitre 14, sont encore un phénomène qui signale incontestablement la présence d’un glacier ; car, ainsi que nous l’avons dit plus haut, ni les courans, ni les vagues des grandes plages ne produisent des effets semblables. La direction générale de leurs stries et de leurs sillons indique la direction du mouvement général du glacier ; les stries qui dévient plus ou moins de cette direction générale sont dues à des effets locaux de dilatation et de retrait dont nous traiterons plus bas.

4o Les lapiaz ou lapiz, que les habitans de la Suisse allemande appellent Karrenfelder. Il n’est pas toujours possible de les distinguer des érosions, parce que, produits comme ces dernières par les eaux, ils n’en diffèrent pas dans leurs caractères extérieurs, mais uniquement par leur position. Les érosions des torrens occupent toujours des dépressions plus ou moins profondes, et ne s’étendent jamais sur de grandes surfaces inclinées. Les lapiaz, au contraire, se rencontrent fréquemment sur les parties saillantes des parois des vallées, en des endroits où il n’est pas possible de supposer que des eaux aient jamais formé des courans.