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ou moins éloignés de leur source première. Et s’il est vrai que ce soit une prérogative de l’observateur scientifique, de pouvoir lier dans son esprit des faits qui apparaissent sans liaison à la foule, c’est surtout dans ce cas qu’il est appelé à en faire usage. J’ai souvent comparé par devers moi ces faibles traces des effets du temps passé, produits par les glaciers, à l’apparence d’une pierre lithographique préparée pour être long-temps conservée, et sur laquelle on n’aperçoit les traces du travail qui y est empreint, que lorsqu’on sait où et comment le chercher.

Le fait de l’ancienne existence de glaciers qui ont disparu se démontre par la présence des divers phénomènes qui les accompagnent constamment, et qui peuvent continuer à subsister lors même que la glace a disparu. Ces phénomènes sont les suivans :

1o Les moraines. Leur disposition et leur composition les rendent toujours reconnaissables, lors même qu’elles ne reposent plus sur le bord des glaciers, ou qu’elles ne cernent plus immédiatement leur extrémité inférieure. Je les ai décrites assez en détail, au chapitre 8, pour n’être pas obligé d’y revenir ici. Je ferai cependant remarquer que les moraines latérales et terminales peuvent seules faire reconnaître avec certitude les diverses limites de l’extension des glaciers, parce qu’elles sont faciles à distinguer des digues et des nappes irrégulières de blocs que charrient les torrens des Alpes. Les moraines latérales déposées sur le