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M. Venetz ne me paraissent pas également concluans à cet égard. Cependant si l’on se rappelle que les glaciers en général étaient moins étendus au moyen-âge qu’ils ne le sont maintenant, et qu’ils n’ont commencé à envahir les hauts passages des Alpes que dans les 17e et 18e siècles, on sera forcé d’admettre que la formation de beaucoup de moraines très-éloignées des glaciers actuels remonte à une époque très-reculée de l’histoire, si toutefois elle n’est pas antérieure à la création de l’espèce humaine ; car comme elles supposent une extension des glaciers plus considérable que celle qu’ils ont eue dans nos temps modernes, on en aurait gardé le souvenir, si elle avait eu lieu depuis le 17e siècle.

Dans ces derniers temps, les oscillations des glaciers ont été très-sensibles. M. Venetz nous apprend qu’en 1811 les glaciers s’étaient retirés très-haut dans les vallées, mais que les années froides de 1815, 1816 et 1817, ayant rechargé les montagnes d’une masse de neige énorme, les glaciers descendirent considérablement dans les régions inférieures ; il assure avoir vu le glacier de Distel, dans la vallée de Saas près du Monte-Moro, descendre plus de 50 pieds dans une année[1]. Zumstein rapporte qu’il vit à-peu-près à la même époque le grand glacier de Lys s’avancer de 150 toises pendant six ans[2].

  1. Venetz, l. c. p. 4.
  2. Von Welden, Der Monte Rosa, p. 117.